La salle des Salasses

LA SALLE DES SALASSES

Bien avant la conquête des légionnaires de Rome, les Salasses étaient déjà présents dans notre région.

Mais qui étaient les Salasses ?

Leur histoire nous est racontée par un historien réputé, Joseph Rivolin, qui nous la résume dans ces quelques lignes :

« La Porte Prétorienne est l’une des quatre portes de la ville d’Augusta Prætoria, fondée suite à la victoire des légions romaines sur la population celte des Salasses, qui occupait depuis le VIIIème ou du VIIème siècle avant Jésus-Christ celle que nous appelons de nos jours la Vallée d’Aoste

D’après l’historien et géographe grec Strabon, « leur territoire était formé en grande partie par une vallée encaissée entre deux chaînes montagneuses et contenait des mines d’or et d'autres métaux ». Les Romains subirent une défaite sanglante par la main des Salasses à Verolengo, dans le Piémont, vers 141 av. J.-C., perdant du coup plus de 10.000 hommes, mais ils furent en revanche battus lors de la bataille de Mazzé par le Consul Appius Claudius Pulcher et par son collègue Cecilius Metellus. Ils perdirent 5 000 hommes et durent abandonner le Canavais, où les Romains fondèrent la colonie d'Eporedia (Ivrea) vers l’an 100 av. J.-C.

Dion Cassius précise que « le consul Appius Claudius Pulcher, chargé de mettre fin à leur conflit avec une nation voisine au sujet de l'eau nécessaire à l'exploitation des mines d'or, dévasta tout leur territoire ». D’après Strabon, les Salasses qui occupaient encore les montagnes vécurent ensuite à côté des Romains, alternant des périodes d'hostilité et de trêve. En contrôlant les cols alpins, ils empêchaient parfois le passage des marchands et des troupes romaines, en jetant des blocs de pierre sur les convois et en exigeant de lourds péages.

L'Empereur Auguste essaya, en 37 avant J.-C., d'imposer pendant deux ans un blocus aux Salasses afin de les affamer, mais l’opération échoua en raison des bonnes relations qu’ils entretenaient avec les populations transalpines. En 25 av. J.-C., sur ordre d'Auguste, le futur consul Aulus Terentius Varron Murène réussit enfin à conquérir la Vallée d'Aoste. Strabon écrit à ce propos qu'il fît à ce moment 36.000 prisonniers, parmi lesquels il n'y aurait eu guère plus de 8.000 guerriers, vendus comme esclaves sur le marché d'Eporedia, que l’on dénomme aujourd’hui Ivrée.

L'affirmation du géographe grec selon laquelle la nation salasse aurait été radicalement anéantie est démentie par de récentes découvertes archéologiques qui témoignent de la survie d’une partie de la population salasse et de son intégration dans la société de la nouvelle colonie romaine fondée par Varon et dénommée Augusta Prætoria Salassorum, peuplée au début par 3.000 vétérans de la garde impériale (prétoriens). 

Des traces de la langue des Salasses sont conservés dans les dialectes franco-provençaux du Val d'Aoste, par des mots blètsé (traire les vaches), berrio (pierre), modze (génisse), bren (son), verna (aulne), borna (trou), baou (grange), barma (abri sous la roche), brènva (mélèze), daille (pin sylvestre), ainsi que par noms de lieux tels que : Breuil (plaine lacustre alpine marécageuse), Doire (de la racine du mot "dwr" qui signifie eau), Bard (promontoire rocheux), Ussel (lieu élevé) ».

Un grand merci à notre ami Joseph Rivolin pour ce savant excursus !

Voilà pourquoi nous avons voulu dédier la première salle et l'espace d’accueil,  précisément aux Salasses, nos ancêtres qui étaient ici bien avant les Romains et dont il nous plait d’imaginer qu’ils sont aujourd’hui revenus pour occuper paisiblement la Porta Praetoria, afin d’en faire, avec sa table gourmande, un lieu accueillant et pittoresque à l’entrée de notre capitale alpine

Mais ce n’est peut-être qu’une nouvelle légende ...